Les Moulins et les Meuniers ( 5 )

À Cauneille

Le Moulin de Pallet


Situé en aval du prieuré de Sept-Haux, au nord-est de Cauneille, il ne subsiste aujourd'hui que le Chemin de Paillet, désignant une des voies d'accès et quelques pierres éparpillées sur le site. Indissociable du moulin de La Hounade, on peut le considérer comme sa moulaque à l'égal d'autres moulins du Pays d'Orthe, fonctionnant à l'économie lorsqu'il y a moins d'eau ou moins de grain à moudre.

En 1875, lors d'un litige qui oppose Cazaux de Labatut et Desperiers de Lagelouze, propriétaire de Lahounade, il est dit que "l'usine de Palette, hors d'état de fonctionner depuis plusieurs années appartient aux Desperiès de Lagelouze."


Le Moulin de Lahounade


Au XVIIe siècle, c'est Gratian de Gardéra, abbé d'Arthous qui en a la possession. Après la Révolution, il passe entre les mains des Desperiers de Lagelouze qui résident au Château de Mente.

Le mur-digue de la retenue d'eau est encore en place avec  la chute d'eau. Des pans de murs de la maison du meunier subsistent.


Jean SORRAING, 40 ans en 1793 et le décès de Bertrand ROMAIN, 75 ans le 22 ventose an X, sont les deux traces connues des meuniers de Lahounade.

Dans les ruines du Moulin de Lahounade…

 

 

 

Le Moulin de Haliha


"Vous suivez quelquefois la belle route qui vous mène de Peyrehorade à Cauneille. Vous saluez en passant, le petit ruisseau qui jadis creusait un étroit bassin peu profond aveant de tomber sur la roue d'un moulin qui n'est plus qu'une ruine." ("Chronique locale" de l'abbé Thibert, 1905)

Aujourd'hui cadastré sur peyrehorade, au lieu-dit "Mouliots", il en subsiste une partie de la digue, au sud de l'étang, la conduite d'amenée et la chute d'eau. Des traces de murs et le départ de l'arche de sortie avec son encorbellement en place, apparaissent encore.

Il appartenait à la mense capitulaire de l'abbaye de Cagnotte, puis au séminaire de Dax à partir de 1740, date du déclin de l'abbaye.

 

Nous savons que Bertrand LARRODÉ, né vers 1762 et Marie BASSOUS sont portés comme meuniers de Haliha le 16 pluviose An IX et ensuite, en 1807.


… et dans celles du Moulin de Haliha

 

 

La Minoterie LARRAN

Aboutissement de plusieurs études au XVIIIe siècle, un premier moulin fut construit par Luce Antoinette d'Aspremont et son époux, Jean de Montréal, en 1778, sur un canal en dérivation du Gave de Pau.

"Le moulin d'origine féodale, a été vendu par la nation comme bien d'émigré. Son système hydraulique a été établi à grands frais. Vis-à-vis de Cauneille, le Gave se partage en deux bras qui embrassent une île de 1500 mètres de long environ.Choisissant le bras droit pour canal d'amenée de l'usine à construire, on a barré son embouchure par un déversoir de 38 mètres de longueur, joignant la pointe ouest de l'île à la terre ferme. Puis on a creusé un canal artificiel d'environ 1300 mètres de longueur, 30 pieds [9,75 m] de largeur […]"

Le 11 ventose de l'An II, il est racheté par Gabriel MOMPEZ, minotier et maître de bateaux à la Révolution pour la somme de 62100 livres. Le rapport des experts le décrit ainsi: "Le moulin, canal d'icelui et maisonnette. […] Un arpent de fonds ou journal d'ordonnance, à le prendre au levant de la défuite de l'eau dudit moulin et depuis la rivière Gave jusques au ruisseau de Haliha."

Moulande en attente

Le moulin passe ensuite entre les mains de Léonard LABARTHE qui le revendra en 1865 à Théodore LARRAN pour 70 000 francs.

Dès 1869, ce dernier demande à prolonger la digue et transformer le moulin en minoterie. Il est intéressant d'entendre ses les arguments qu'il avance: "[…] Le fonctionnement est insuffisant et le pays souffre. […] Les communes de Peyrehorade, Cauneille, Cagnotte, Orthevielle, Lanne, Saint Étienne, Bélus, Saint Lon, une partie de Sainte Marie et de Saint Martin de Hinx, toute la commune de Sames, une partie de Guiche, de Hastingues et de Œyre-gave envoient leur grain à moudre au dit moulin; mais on est obligé de renvoyer ces pratiques en grand nombre, surtout en temps de sécheresse. Ainsi, beaucoup de personnes et notamment celles appartenant à la classe nécessiteuse sont obligées de rester sans recevoir la moulande pendant deux ou trois jours; d'autre part, les frais de mouture sont plus élevés […] L'exposant a le dessein de changer le mode actuel de ses usines et de les convertir en minoterie […]. L'usine de Sorde ne laisse au gave, dns la partie où elle reçoit ses eaux, que l'ouverture proposée de dix mètres et rien, ni pour la navigation ni pour la circulation du poisson […]. La meunerie prendrait dans le pays un développement inconnu jusqu'à ce jour; une contrée essentiellement agricole trouverait à écouler son blé à de bons prix et sans déplacement […]."

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Au tournant de deux mondes…

Apparemment, les moulins locaux ne respiraient pas le dynamisme, du moins au yeux de Théodore Larran. Ce milieu du XIXe siècle est, en fait, la charnière de deux mondes: une société rurale et autarcique qui s'estompe au profit de la société industrielle et d'échange qui subsiste toujours. L'exode rural sera très fort dans notre région, notamment à l'ouverture des Forges du Boucau. Bien sûr, les artisans liés à l'économie rurale subiront le contre-coup de cette perte. Les moulins vont donc fermer peu à peu.

En 1872, le concurrent direct du moulin de Peyrehorade est celui de Sorde. "Placé sur le Gave de Pau, il sert toute la contrée du béarn […]. La coexistence des deux usines se présente donc avec un caractère d'utilité incontestable. Elle constitue, dans ses conditions normales,  une concurrence légitime et qui profite au public. [bien que] les charrettes ne peuvent pas arriver jusqu'au moulin de Sorde, qui est un peu à l'écart de la route, et dans une position inabordable aux voitures et aux bêtes de somme. Il faut par suite, transporter à dos d'homme les sacs de grain composant le chargement de chaque charrette et rapporter de la même manières les farines, pendant l'espace d'environ 200 pas. En outre, la mouture coûtait à Sorde, en 1870, cinquante centimes de plus par hectolitre qu'au moulin de Cauneille […] Aussi arrivait-il souvent que les meuniers du canton de Peyrehorade et d'ailleurs, plutôt que d'aller à Sorde, préféraient attendre leur tour à l'usine de M. Larran pendant 24 ou 48 heures, et même pendant trois jours."

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Avec, en fond, les ruines d'Aspremont, la vapeur est entrée à la Minoterie

En 1882, l'ensemble est agrandi. L'usine comporte alors 14 paires de meules qui sont mues par deux turbines utilisant l'eau du canal de dérivation. Mais en 1884, les meules sont abandonnées pour faire place à des cylindres qui vont justifier l'adjonction d'une installation à vapeur, la force hydraulique s'avérant insuffisante.

Une nouvelle unité de production est construite en 1925.


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Grandeurs et misères…

Enfin, après sa modernisation, la minoterie s'impose à la fin du XIXe siècle. Pourtant, même après cette modernisation, le travail de meunier n'est pas de tout repos pour les hommes. Dans sa "Chronique locale", en 1909, l'abbé Thibert nous raconte: "Un horrible accident s'est produit à la minoterie et a fait trois victimes.
Je n'ai pas à exposer les détails que tout le monde connaît. Je tiens à dire quelle part j'ai prise à cet horrible malheur. Les deux plus jeunes parmi les brûlés vont échapper à la mort ; mais après quelles souffrances ! Le plus âgé que nous avons admnistré croyant sa fin prochaine, pourrait survivre au terrible accident. Cela est fort triste. Néanmoins, après réflexion, on ne peut que remercier la divine Providence d'avoir épargné à notre petite ville un malheur plus effroyable. Il eut suffi d'une étincelle pour mettre le feu à l'amoncellement des farines, embraser les bâtiments immenses et brûler une foule d'ouvriers."

 

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Deux clichés pour une sortie en Espagne du personnel de la minoterie

et en dessous, les médaillés du travail de 1965

 

La minoterie qui restera comme un fleuron de l'industrie minotière, sera exploitée pendant plus d'un siècle par la famille Larran. Elle ne la cédera qu'en 1974 aux Grands Moulins de Paris qui vont l'automatiser en 1998.

Aujourd'hui considérablement transformée et ne basant plus son activité sur une matière première locale qui n'existe plus, cette usine est toujours en activité.

 

 

À Labatut


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