Petit Lexique pour user du pays Orthense

Avertissement :

Nous n'avons nullement la prétention de commencer ici la publication d'un quelconque dictionnaire franco-gascon prétentieux ou une futile encyclopédie, pseudo-érudite.

Comme chacun le sait, le parler de Cagnotte n'est pas du tout - mais alors, pas du tout ! - celui de Hastingues. Dans ces conditions, comment contenter tout le monde et faire comprendre cela à un ressortissant de Siest ?

Et, à plus forte raison, à un natif d'Arras ?...

Nous introduirons donc ici, au gré des rencontres, les tentatives d'explications à des mots ou des locutions - parfois en français, parfois en gascon - qui permettront peut-être au visiteur de s'imprégner d'un état d'esprit.

On ne s'étonnera donc pas d'y trouver parfois des connotations subjectives très personnelles. D'ailleurs, pour éviter toute confusion, chaque "traduction" sera signée.

De même, si vous souhaitez quelque explication supplémentaire sur un mot, n'hésitez pas à nous solliciter: nous complèterons volontiers cette liste.

Cependant, pour ceux qui souhaiteraient des formulations et des explications plus orthodoxes, nous nous permettrons de leur indiquer l'excellent "Dictionnaire gascon-français (Landes)" de l'Abbé Vincent Foix (Narosse 1857 - Laurède 1932) qui comporte, avec ses 13508 articles, de quoi satisfaire pas mal de curiosités.


Alaoude : Alouette. Indique aussi, de façon générique les différentes variantes des chasses traditionnelles de ce succulent petit migrateur. (LP)

Arribère : De « ribe », bord d’un cours d’eau. Par extension l’arribère désigne toute la plaine alluviale d’une rivière. Un espace de découverte permanente…
(LP)

Nostalgie d'Arribère au soir… Photo Marie Hélène Cingal
Nostalgie d'Arribère au soir… Photo Marie Hélène Cingal

Arriou : (pas de liaison entre le « i » et le « ou ») Ruisseau. A longtemps comporté la saveur d’un fruit dangereux et défendu. Le nôtre nous attirait comme un aimant. (LP)

Aygade : (Prononcer aïgad'). Inondation. Terme qui revient sur le devant de la scène chaque année, lorsque le Gave, au printemps, gonflé par les eaux de fonte des neiges dans les Pyrénées, sort de son lit pour s’étaler dans la plaine.
(LP)


Bartaou : Nasse à poissons en filet de corde à deux ou trois poches, monté sur des cerceaux d’osier ou de châtaignier, d’une longueur de trois à quatre mètres avec une ouverture d’un mètre environ de diamètre. Le bartaou est calé à marée basse, l’ouverture vers l’aval, pour être recouvert par la marée montante. On le place de préférence à l’amorce des bazères qui permettent de le placer loin de la berge. Il est destiné à prendre surtout les grosses anguilles et les muges, mais on ne dédaigne pas les autres espèces qui se sont laissées piéger.
(LP)


Battère : Battage. Ensemble des opérations constituant le dépiquage du blé. Les gerbes de blé, fraîchement ramassées sont avalées par la batteuse qui va recracher en plusieurs directions : le grain, la pouble et la paille, nécessitant une quantité de bras attentive et disponible. Jour de fête.
(LP)

Bazère : Littéralement « vasière ». Large étendue de vase mise à nu par la marée descendante aux endroits où la berge du Gave descend en pente douce vers le lit de la rivière. D’une épaisseur variable au gré des inondations mais pouvant dépasser plusieurs dizaines de centimètres, y patauger était un plaisir qui valait sûrement toutes les cures de boues de Dax ou d’ailleurs. Lieu vivant (on y trouve des vers intéressants dans la partie proche de la berge) issu de la décomposition végétale à l’odeur très marquée de méthane. Endroit particulièrement propice lors du montant, pour caler des cannes à platuches, des cordeaux ou des bartaous. (LP)

Bibolles : Les pibales. Alevins d’anguilles nés dans les Sargasses et qui atteignent les côtes atlantiques, portés par le Gulf Stream, à l’âge de trois ans. Remontent coloniser nos rivières et ruisseaux et font l’objet d’une pêche particulière de nuit à l’aide de tamis spécifiques. Cette pêche est devenue tellement lucrative et meurtrière qu’elle risque fort d’être interdite. J’ai découvert plus tard qu’au nord de la Loire, les piballes possèdent des cousines prénommées civelles et qui dans mon esprit, pincent un peu les lèvres et gardent le petit doigt dressé. Mais je peux me tromper… (LP)

 

Bimes : (prononcer bimis) Rejets de l’année des saules. Ces tiges d’une souplesse de serpent, recouvertes d’une écorce d’un jaune orangé se travaillent très facilement. Entières, elles servent, après trempage, à diverses opérations comme le liage des gerbes, le rafistolage de quelque barrière fatiguée. Tranchées en lames dans le sens de la longueur peuvent confectionner ou réparer un panier.
Dans notre cas, elles constituaient une redoutable menace, quand dans les mains de Madelon elles étaient capables de nous laisser aux mollets des marques cuisantes après quelque bêtise…
(LP)


Bitoun : Goret. Petit cochon. S’applique plus souvent à qualifier l’état dans lequel nous nous mettons de façon régulière, crottés jusqu’aux oreilles, lors de nos escapades extérieures que les cochons élevés par la famille et qui dépassent rapidement le stade de cette appellation pour tendre vers le statut plus respectable de porc atteignant et dépassant les deux cents kilos.
(LP)

Birou : Gros boudin élaboré en remplissant cette partie particulièrement développée du gros intestin du porc. Il faut aussi savoir que le boudin landais n’a presque rien à voir avec le produit généralement connu sous cette appellation traditionnelle. Le sang sert ici à lier de gros morceaux de viande issus en partie de la tête (Qui entre aussi pour beaucoup dans la préparation de la hure) et d’abats. La consistance de ce boudin, toujours généreusement épicé de muscade, de poivre, de piment et qui contient aussi une part d’oignons et de poireaux sautés, présente une tenue incomparable. Et une saveur…
(LP)

Bouhémi : Bohémien. Il n’y a là aucune notion de racisme ou de ségrégation, mais les gens du voyage conservent dans nos campagnes et sans quasiment jamais que cela se justifie, leur aura de voleurs de poules et de linge au séchoir. Par extension le terme qui se veut peu flatteur s’applique à celui qui se laisse aller dans sa tenue vestimentaire et à tous les enfants qui oseraient par exemple se rendre à la messe sans avoir convenablement ciré leurs chaussures du dimanche et récuré soigneusement ongles et oreilles.
(LP)

Bros : (bien prononcer le s final) Charrette à grandes roues de bois ferrées, à ridelles hautes fixes sur le côté, à atteler au joug d’une paire de bœufs et destinée à tous les usages de ramassage de diverses denrées : betteraves, maïs, trèfle, bois… Servait aussi à rentrer les bennes de la vendange. À différencier du carrou, plus bas et plus large dont les ridelles sont amovibles sur les côtés. Le balancement d’un bros dans les ornières des cantères, dont l’essieu et les roues ont pris quelque jeu, même s’il était impitoyable pour les fesses ou les genoux, avait un charme tranquille qu’il est bien difficile de décrire.
(LP)

Bugade : « Ha’buga » : faire bouillir. Désigne les diverses opérations de la lessive du gros linge familial (draps, torchons, serviettes…). Ce dernier, qui a été mis à tremper est disposé dans un chaudron (traditionnel) ou dans une lessiveuse (moderne) et mis à bouillir avec de la cendre et des copeaux de savon. Le tout sera ensuite chargé sur la brouette pour se rendre au lavoir (ou à la rivière) afin d’effectuer le rinçage.
(LP)

Burgué : Grande gerbe de paille (de blé, de froment) ou de foin en forme de dôme que l’on dresse en plein air autour d’un long pieu en acacia. Tassés abondamment de façon circulaire, le foin ou la paille sont alors protégés des intempéries par la partie supérieure qui permet le ruissellement de l’eau de pluie. On retire quotidiennement un peu de ce foin ou de cette paille en fonction des besoins pour l’alimentation animale à l’aide d’un crochet formant ardillon placé sur un manche de bois. Chauds et secs, les burgués constituent avec les avant-toits un lieu privilégié de prolifération des moineaux. (LP)

Caneigt : (prononcer le t final) Gaine de la plume des volailles à son implantation dans la peau. Lorsqu’on plume ces volailles, cette gaine reste fichée dans la peau, notamment au niveau des ailes et du croupion.
Il faut alors s’adonner à un véritable jeu de patience pour la retirer en s’aidant de la pointe d’un couteau. Cette opération devient particulièrement délicate dans le cas des canards gras dont la peau est grandement fragilisée.
(LP)

Cantère : Chemin de terre longeant toutes les parcelles cultivées et permettant le passage des charrettes. La plupart du temps dotées d’une couche herbeuse inversement proportionnelle à la fréquentation. Les diverses opérations de remembrement ont largement diminué ce réseau de chemins souvent bordés de fossés de drainage, qui constituait une importante zone de refuge pour la faune.
(LP)

Caoutère : (de caout = chaud)- Littéralement, chaudière. Large chaudron de fonte ou de cuivre muni d’une grande anse rabattable permettant de le suspendre dans la cheminée. Sert, selon les besoins, à chauffer de grandes quantités d’eau, à cuire les confits (cuivre) ou cuire le maïs de gavage des canards comme les légumes (ou épluchures) de la pâtée des cochons (fonte).
(LP)

Cap bourrut : (de cap = tête et bourrut, même racine que bourricot ou "burro" = âne en espagnol). Têtu. S’il me fallait compter le nombre de fois où cet adjectif me fut appliqué !…
(LP)

Cascailh : littéralement : concassé. Grains de maïs ou de blé que l’on écrase en brisures pour l’alimentation des jeunes volailles. À noter que toutes les fermes étaient équipées dans le séou d’un moteur fixe unique entraînant alternativement la faucheuse faisant office de hachoir à paille et un ou deux concasseurs.
(LP)

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