ne importante abbaye carolingienne fonde l’histoire de Cagnotte qui regroupe aujourd’hui les territoires de Cagnotte et Cazorditte, deux villages connus dès le Moyen-Âge. Cazorditte est devenu un quartier et il est difficile de reconstituer son histoire, mais il paraît probable qu’une chapelle et une caverie (Scars ou Uscars) aient existé sur ce territoire.
Aujourd'hui sur un territoire global de 1630 hectares, les 641 Cagnottaises et Cagnottais vivent ici dans un cadre vallonné et encore très boisé.
l'Église Notre Dame de Corheta & l'Abbaye de Cagnotte
Il reste une partie de l’abbatiale Notre Dame de Corheta qui abrita les tombeaux des vicomtes d’Orthe.
Le pourrissoir
Dans le chœur, on peut voir la dalle qui recouvre les vestiges du "pourrissoir", élément rare que l’on retrouve cependant dans quelques églises anciennes et où l’on déposait les corps des
défunts.
Cuve antique
On y trouve également une cuve en marbre portant un décor antique.
Sarcophage monoxyle
On peut y découvrir aussi un sarcophage monoxyle provenant du cimetière des moines.
Ci-contre, Notre Dame de Corheta. La Dame à la cagnotte
Ci-dessous, l'église, intérieur et extérieur. Une partie du logis abbatial et fontaine des pélerins. Montage de photos E. D.
Écoutons Richard Bavoillot présenter l'histoire de l'Abbaye de Cagnotte :
Loup Garcie et la naissance de l'Abbaye
" C'est vers le Haut Moyen-Âge, à la fin du VIIe siècle environ, que les bénedictins fondent le monastère dit "Notre Dame de Corheta". Il est légitime de penser que cette fondation s'est effectuée sur un lieu qui a déjà été occupé. Ce n'est seulement qu'au XIe siècle (soit presque un demi millénaire plus tard) que les écrits permettent de mieux suivre l'histoire de l'abbaye.
Le vicomte Loup Garcie 1er rachète le monastère et les biens qui en dépendent en 1060. Jusque-là, l'ensemble appartenait à des laïcs. Le vicomte y installe deux ans plus tard, douze moines qu'il va rejoindre vingt après, s'étant lui-même fait moine. Avant d'y décéder en 1084, il fait don à l'abbaye d'une relique de la croix de St Pierre offerte par le pape Grégoire.
Sans que l'on en connaisse les véritables raisons, la communauté religieuse va se déplacer plus à l'est (à sept kilomètres environ) et commence à édifier en 1097, une nouvelle église abbatiale. Cela donnera les magnifiques bases romanes de l'actuelle église restaurée de Pouillon.
Le retour à Cagnotte
En 1118, Raymond-Sanche dit "Le Pieux", le petit-fils de Loup Garcie, reprend l'abbaye et décide de revenir sur le berceau de la communauté, à Cagnotte. S'ouvre alors un conflit ouvert entre vicomte qui réforme la vie monastique en s'inspirant de l'œuvre de Géraud de sales, disciple du fondateur de l'Ordre de Fontevrault et l'abbé en place qui portera l'affaire devant le pape. Décédé pendant son voyage, il est remplacé par le prieur Guillaume de Bournet.
L'église de Loup Garcie 1er est remise en état, l'abbaye à nouveau dotée et le jour de Pentecôte 1122, la communauté est officiellement réinstallée en présence de l'archevêque et de l'évêque de Dax. Une ère de prospérité et de rayonnement s'ouvre alors. Désormais puissante et dynamique, l'Abbaye subira bientôt une seconde réforme plus profonde. Le vicomte et l'abbé Marmerin d'Arberoue font appel, vers 1141, aux moines de l'Escale Dieu de Bigorre pour introduire la règle cistercienne à Cagnotte, qui suivait en fait déjà les usages de cette règle, comme Granselve ou Bournet ( 1120-1125).
Une bulle pontificale du pape Eugène III confirme les usages de l'Abbaye de Corhéta qui est directement rattachée au Saint Siège comme sa sœur de Bournet (1151)."
Une Église toute neuve…
L'importante modification de la vie monastique est alors prétexte à un changement tout aussi profond dans le domaine architectural. Décision est prise d'élever une grande église moderne répondant au rayonnement grandissant de l'Abbaye orthoise et la puissance nouvelle de la maison d'Aspremont. En 1145, l'église de Loup Garcie étant démolie, on commence, aux frais du vicomte, la construction d'un vaste édifice de plan bernardin, à chevet plat. La consécration en 1182 est présidée par l'Archevêque d'Auch devant quatre évêques et huit abbés.
Le dernier quart du XIIe siècle voit l'établissement d'un nouveau voûtement en croisées d'ogives du "premier gothique", la modification de la structure interne de l'abbatiale, la création de deux nefs latérales. L'église mesure ainsi près de 25 mètres de largeur totale et peut-être 50 à 60 mètres de long. Il ne reste de nos jours de ce splendide édifice que le sanctuaire, deux chapelles axiales et l'emplacement de la croisée du transept, occupée par la nef de l'actuelle église paroissiale.
Ci-dessus, et en descendant, le balcon au-dessus de l'entrée principale, puis quelques chapiteaux restaurés et une figure d'angle.
Enfin, plus bas, une vue vers le choeur et l'autel.
Photos Marie Hélène Cingal.
La Légende
u Ve siècle de notre ère, Maria Galla Corfédia, une jeune patricienne dacquoise subit le martyre sous l'occupation des Goths. Son nom donnera la première dénomination de l'ancienne abbaye bénédictine de Cagnotte. Cette abbaye sera établie, trois siècles plus tard, auprès du tombeau vénéré de la Sainte. Dès le XIIIe siècle, elle est désignée sous le nom de Sainte Marie de la Caignota ( langue gasconne ) ou aussi, Notre Dame de la Fidélité ( en latin ).
Ce vocable, a priori curieux, provient de la statue mariale vénérée dans l'abbatiale qui représente la Sainte avec une petite chienne ( une cagnotte, en gascon ), symbole de la fidélité, couchée à ses pieds.
Le tombeau
d'Adélaïde d'Anjou,
épouse de Loup-Garcie II (XIIIe siècle), qui se trouvait au-dessus de sépultures plus profondément enfouies.
Sur le côté droit du chœur.
Photos Marie Hélène Cingal©
Puits funéraire
aménagé en pourrissoir, où furent retrouvés les restes de dix corps. Il est situé au milieu du chœur, face à l'autel.
Ci-dessous,
sarcophage en marbre monolithe (Ve-VIe siècles) qui recouvrait la sépulture d'Adélaïde d'Anjou
Les Abbés de Cagnotte
Comme nous le montre cette présentation de quelques abbés qui ont présidé aux destinées de l’abbaye de Cagnotte, de nombreux personnages de la noblesse ( dont beaucoup de vicomtes d’Orthe ) viennent occuper cette charge. Souvent sur la fin de leur vie. Comme s’ils espéraient trouver dans cette “conversion” sur le tard, une rédemption nécessaire au terme de vies souvent tumultueuses.
- Parce qu’il est cité à deux reprises en 1094 et 1096, nous savons que Bornurius-Sanche, vicomte de Maremnes et veuf de Gracietta d’Orthe, ouvre cette liste.
- Cité aussi dans la période de 1100 à 1107, c’est Sanche de Bayonne, fils de Fortum, vicomte de Labourd, qui lui succède.
- Le frère de la vicomtesse Mathilde d’Orthe, Fontaner de Miramont, fils d’Auger, vicomte de Tursan vient ensuite. Nous avons qu’il fut aussi évêque de Bayonne de 1150 à 1170.
- Guillaume-Bertrand de Bayonne, fils de Bertrand, vicomte de Labourd, devient moine puis abbé de Cagnotte de 1160 à 1170. Il devient ensuite chanoine puis évêque de Dax vers 1170.
- Grégoire, évêque-légat. Personnage non identifié qui est assisté en 1170 d’un “prieur majeur gouvernant l’abbaye.”
- Guillaume Raimond d’Aspremont, ex-vicomte d’Orthe, dit “Lourde-Épée”, est abbé de 1177 à sa mort en 1180.
- Loup-Garsie II, vicomte d’Orthe, fils du précédent. Alors qu’il est portier de l’abbaye, il est élu abbé deux semaines seulement avant de décéder.
- Arnaud de Fontfroide, abbé réformateur, probablement originaire de l’abbaye du même nom, près de Narbonne (1215-1219).
- Pierre Arnaud de Lannefranque, docteur en droit, prieur du St Esprit de Bayonne, puis doyen de ce Chapitre (1473-1485). D’abord chanoine de St Nazaire de Carcassonne, puis évêque d’Alet (Aude), il devient Abbé de Cagnotte en 1483.
- Pierre de Foix-Béarn (1495)
- Louis de Castelnau-Tursan, évêque de Tarbes et également commendataire de l’abbaye de Divielle, à Goos (Landes) de 1537 à 1547.
- Bernard de Poyanne (1648-1654), fils du gouverneur de Dax.
- Nicolas de Baylens (1654-1660) fils naturel de Bertrand de Poyanne.
- Abraham de Vergier de Mauranne (1704-1712) Charles Prudent de Bouexie de Bec de Lièvre, évêque de Nîmes et abbé de Cagnotte de 1731 à 1738.
Au total, on retrouve près de soixante abbés de Notre Dame de Corheta dont certains ne portèrent malheureusement que le titre.
Jusqu'à la veille de la Révolution, les vicomtes d'Orthe sont inhumés à Cagnotte. Ici l'acte de décès à Peyrehorade, le 23 octobre 1772 d'Antoine Henri Melchior d'Aspremont nous indique qu'il y est inhumé deux jours plus tard. Il sera le dernier de la lignée à bénéficier de ce privilège. Luce Antoinette, mourra en exil.
L'Art des Potiers et le "Péga" ou "Cagnotte"
Des noms de lieux-dits pleins de mystère et d'empreinte du terroir comme Barthe Nègue ou l'Argile, nous disent le domaine des potiers dont le péga aura fait la réputation.
Cette cruche célèbre dans les Landes, est devenue un objet très rare et très prisé des collectionneurs.
Calé sur un coussinet posé sur la tête, pour aller chercher de l'eau à la fontaine, le "Péga" est la cruche typique que l'on retrouve sur nombre de cartes postales anciennes. Dans notre région, on l'appelait "la cagnotte".
Jusqu'en 1930, en effet, on a produit des cruches et des poteries diverses à Cagnotte, où les derniers potiers se nommaient Mathieu, Narbeil, Badetz… et à Cauneille où ils avaient nom Thonia, Cazaux.
Ces potiers perpétuaient une tradition "romaine et étrusque", selon A. de Chasteigner. En 1869, dans son "Département des Landes", Adolphe Joanne cite pour Cagnotte et Cazorditte: "nombreuses fabriques de poteries" et pour Cauneille "fabriques de poteries" que l'on retrouve également pour définir Peyrehorade.
"La région de Peyrehorade formait alors un centre de fabrication de poterie dont certains produits, gagnant Bayonne en descendant l'Adour sur des bachets, s'exportaient jusqu'en Espagne."
Alain DUTOURNIER & le Pays d'Orthe
Héritier et magnifieur d'une tradition culinaire et culturelle familiale respectueuse des terroirs, et solidement attaché à ses racines, Alain Dutournier, enfant de Cagnotte, s'en est allé exporter à Paris, dans quatre établissements réputés, dont le fameux "Carré des Feuillants", des fumets enchanteurs et des tours de main qui bercent nos souvenirs empanachés de sauces et de bouillons de jours de fête.
Mais il reste ancré dans dans ce Pays d'Orthe dont il nous parle dans la présentation ci-dessous que vous démarrerez en cliquant.
Mémoire, tradition, mais aussi créativité : en cueilleur de "goût vrai", Alain Dutournier nous convie à un voyage à travers le beau et le bon pour découvrir de nouvelles sensations, de nouveaux plaisirs, et retrouver enfin l'âme et le cœur de la vraie cuisine.
Il nous fait partager sa passion pour la cuisine authentique. Né aux confins de la Chalosse et du pays d'Orthe, cet enfant du Sud Ouest, éperdument amoureux des beaux produits nous confie ici les recettes de de son enfance, issues de la tradition.
Le Lavoir communal…
Il est alimenté par l’eau d’une source voisine, réputée guérisseuse du temps de la prospérité de l’abbaye.
… et la Mairie
La Maison voisine de Guinée
Maison rurale ancienne proche de l’église, Guinée.
l'Encyclopédie Diderot
Un élément remarquable est conservé à la mairie de Cagnotte : un exemplaire (incomplet) de l’encyclopédie dite de Diderot (entre 1756 et 1775).
Le Monument aux Morts
La plaque initialement dédiée aux Poilus
de Cagnotte ayant donné leur vie.
Placée dans le porche de l'église de Cagnotte.
Retrouvez l'histoire des Poilus
de Cagnotte et des autres communes
du Pays d'Orthe dans ce numéro Hors série
de notre revue Orthenses qui a été publié
en novembre 2008 grâce aux apports
de documents, photos, témoignages,
carnets et décorations par les familles
de ces soldats.
En cliquant sur l'image, vous accédez à la page
où vous pourrez commander cet ouvrage… et d'autres.
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