Pierre COMTE

ui mieux que l'auteur lui-même serait capable de bien parler de ses écrits ? Surtout quand il s'agit de poésie. Qui parle à chacun d'une musique personnelle et intime. Qui emporte sur des voies d'exaltation et de révolte, dans des tréfonds de colères retenues et de grandes bouffées d'altruisme…

Laissons donc la parole à Pierre Comte lui-même.

Né le 29 novembre 1940 à Louviers dans le département de l’Eure je grandis en banlieue parisienne, à Bezons exactement. En 1947, ma grand mère paternelle prend mon éducation en main ainsi que celle de mes deux frères et de ma sœur, tous mes aînés.
    Je grandis dans le bonheur des terrains vagues où j’évolue en ne pensant qu’aux jeux, aux repas et à dormir. La vie sans soucis.
    Quatorze ans, l’entrée au centre d’apprentissage pour apprendre un métier qui sera tourneur sur métaux comme mes deux frères. (voir le recueil "Écrits pour la mémoire", chapitre "la vieille femme" ).

Le bonheur, dans l’amour et la douceur que prodigue la vielle femme, ma grand-mère. Un chanteur fait ses débuts, Jean Ferrat qui interpelle mon esprit par les textes qu’il écrit.
J’ai dix huit ans quand, me produisant sur scène en tant que chanteur dans une compagnie d’amateurs, un monsieur, à la fin du spectacle vient me voir et me propose de me présenter à une dame qui a une compagnie artistique et fait de la mise en scène. J’accepte et me voilà chanteur semi professionnel car je ne peux en vivre complètement.
    Le service militaire obligatoire, deux ans plus tard, me conduit en Allemagne pour 17 mois car la France ne fait pas tuer deux enfants de la même famille en même temps donc je ne ferai l’Algérie que durant sept mois, à partir du jour où mon frère, juste au dessus de moi en âge, sera libéré des obligations militaires. J‘allais dans un pays, qui n’était pas le mien, agresser des gens qui étaient chez eux. L’on me disait que je faisais du maintien de l’ordre et non la guerre. Bel euphémisme !

 

 

J'arrive en 1972 à Peyrehorade pour travailler au C.E.T. J'y reste pendant dix ans, avec seulement une interruption sur l'année scolaire 1975/1976 pour un échange de professeurs entre la France et le Québec. En famille.
 
En 1982, départ pour l'Île de la Réunion d'où je ne reviendrai qu'en 1999 pour la retraite. C'est pour moi l'occasion de découvrir que les îles sont le berceau de nombreux poètes. Et ce sera dans cet environnement que je m'essayerai moi-même à mes premières rimes.


Et la poésie dans tout cela ?
Je crois qu’elle se construit inconsciemment par la lecture d’ouvrages divers, par les auteurs de chansons comme Brel, Ferré, Brassens, Ferrat qui met en musique Aragon ainsi que Léo Ferré, Paul Eluard, Desnos et Lorca. Ajoutons à cela de nombreux auteurs moins connus, voire inconnus du grand public et l’idée d’écrire s’insinue. Elle prendra forme en 1985 par un petit poème, qui se trouve dans un recueil qui va sortir prochainement, puis plus rien jusqu’en 1995 et à dater de ce jour je n’ai quasiment plus cessé. Cinq à six cents poèmes ont vu le jour, qui très souvent se lisent comme des pages de romans. Il se trouve que l’on peut les lire comme une histoire dans des petits chapitres. Particularité, j’intercale souvent du texte et des poèmes.

L’édition s’est faite après avoir lu des poèmes à une amie agricultrice, qui écrit elle même, me demandant de ne pas laisser ces textes dans un tiroir. Après hésitation et recherche d’un imprimeur pour évaluer le coût de l’impression, je me suis décidé a publier à compte d’auteur. Par bonheur il existe, à Peyrehorade dans les Landes, un excellent imprimeur et comme je souhaite que nos petits commerces et artisans continuent de faire vivre nos villages j’ai fait imprimer chez "L'imprimerie d’orthe".
    C’est lors d’une remise de prix par l’association Regards à Nevers que j’ai découvert un monde que j’ignorais complètement : le concours de poésie. J’ignorais également qu’il existait une écriture classique et des conventions très strictes. Je me trouvais complètement remis en question car je voyais bien que cette façon n’était pas mienne. Je m’interrogeais en profondeur. Je ne me voyais absolument pas modifier ma façon d’écrire même si cela est dans mes possibilités, car dans la poésie qui est appelée "libre" je me sens très bien. Puis des personnes qui concourent, qui ont lu mes recueils, m’ont rassuré en me demandant de ne rien changer de ma façon, je joins d’ailleurs un extrait parmi d’autres :

 

 « Sinon, je viens de finir la lecture de Délocalisations : ce livre m'a beaucoup touché. Il est très émouvant et il existe une atmosphère dedans qui aspire le lecteur dans l'histoire.
J'ai beaucoup apprécié l'alternance entre textes et poésie. Alternance
qui augmente le contraste entre la brutalité de la réalité et la
sensibilité de l'imaginaire, entre violence et poésie.

J'aime beaucoup tes poésies libres. Elles sont authentiques et
personnelles, pleines de sensibilité et de beauté.
Tu écris très bien. Ton style est vivant et à la fois réfléchi. Tu
arrives à emporter le lecteur dans ton imaginaire, dans le drame vécu par ton personnage principal.
L'histoire du livre est d'ailleurs très originale car peu commune. Tu es parvenu à cerner le mal-être de sa condition et les problèmes occasionnés par la fermeture de l'usine. Comment as-tu fait pour  t'informer  ?  As-tu vécu le problème de près ?
Avec toutes mes amitiés poétiques.

Maria.

Bonne continuation et bravo
pour ce beau livre  engagé  et  dénonciateur.

 

Maria TORRELLI - 2009

 

 

À ce jour j’ai édité trois recueils qui font entre 135 et 177 pages :


VERCORS BEAUTÉ SAUVAGE


Le premier recueil, publié en 2005, comprenant aussi les chapitres :
                        " Le portail "
                        " Écailles "
                        " À travers les paysages "
L'histoire d'un site merveilleux que financiers et politiques rêvent d'investir au détriment de la nature. Raser les montagnes pour les reconstruire à côté est devenu d'un quotidien banal. Un jeune garçon et une jeune fille mettent en commun leur amour et leur énergie pour essayer de préserver ce site.
        Prose et poèmes alternent.

 


        - LE PORTAIL: un homme fait le bilan d'une vie passée dans un atelier pour, tous les jours, produire plus, plus vite sans jamais voir le soleil.
 


        - ÉCAILLES: des poèmes de deux à une dizaine de lignes, portant sur la solitude, l'exil. Ces situations n'ont ni âge ni sexe mais assez caractéristiques de notre société.
 


        - À TRAVERS LES PAYSAGES: quelques paysages mis en valeur avec des mots et beaucoup d'amour.

 

 

 

Extraits de « Vercors beauté sauvage »

« le portail »
 
 
Je marche dans cette rue qui sent les poubelles
Six heures du matin la nuit est toujours là
Même le printemps de l'hiver traîne les séquelles
Comme moi je traîne mes savates ici et là
 
Des bus regorgent de travailleurs, ce qu'il en reste
Ils s'entassent se bousculent et échangent leur haleine
Le corps traversé d'une lassitude indigeste
Le tous les jours les assomme au gouffre les entraîne
 
Il bruine. De ma veste je relève le col.
Amusant ces perles, sur mes cheveux, qui scintillent
Les gouttes lentement s'insinuent sans protocole
 
Cette petite douche me réveille mes yeux s'écarquillent
Je ne sais plus bien où je suis, à trop rêver
D'une nouvelle vie j'ai certainement dû dériver

 

 

 

ÉCRITS POUR LA MÉMOIRE

 

Écrits pour la mémoire est le deuxième recueil, publié en 2006.
  "Puisqu'au "royaume de l'oubli, les mots n'ont pas leur place", Pierre COMTE nous offre une symphonie de mots, contre l'oubli des outrages faits aux femmes et pour dire l'amour: "parlez moi de ces inconnues avant que de périr". Car c'est bien de cela dont il s'agit. Un recueil d'amour qui nous fait voyager dans le temps et dans l'espace de toutes les femmes.
  Et s'il prétend: "à mes écrits sens il ne faut donner", surtout ne le croyez pas car vous y trouverez du sens, celui de votre histoire, celui de vos amours et de vos chagrins, celui des cicatrices qui accompagnent une vie, de femme, d'homme, d'enfant.
"


Maïté LABEYRIOTTE

 

 

 

DÉLOCALISATIONS

 

Délocalisations est le troisième recueil publié en 2008.
  "Éteignez vite la télé et plongez-vous dans le dernier ouvrage de Pierre COMTE, un poète bouleversé par la sauvagerie totalitaire de notre monde et prêt pourtant à croire que le genre humain peut encore avoir un sursaut d'humanité.
Nos contemporains ont perverti des mots pour mieux nous tromper : "mondialisation", "délocalisation", " flexibilité"... associés à d'autres mots tout aussi pervertis : "progrès", "ordre" ( parfois même "ordre juste" ) ; et ce qu'on appelle "médias" ( ailleurs propagande ) nous ressassent à longueur d'antenne la même antienne.
Éclatent à l'orée de notre conscience les dégâts irréversibles causés à notre planète, aux hommes et leurs sociétés mais aussi à tout l'environnement dégradé et saccagé par ces hordes venues du plus profond de notre universalité et que nous n'arrivons pas à contenir.
Aujourd'hui, la famine menace dans les corps et dans les esprits.
Le sursaut viendra-t-il des poètes ?

 

Maïté LABEYRIOTTE

 

 

"Délocalisations" a obtenu le prix Coup de Cœur

de l'association REGARDS


 

Il nous reste encore un peu de courage pour lutter
Malgré la misère et le désarroi qui nous transpercent.
Las, nous avons laissé le chant d’amour de côté
Mais il palpite dans l’ombre une rébellion amassée.
 
Nous sommes, là, condamnés à regarder le passé
Ce qu’il en reste car nos cerveaux ont été réséqués
Voulant, de nous, faire des résignés, des amants blessés.
En partance pour les îles nous avons été débarqués.
 
Sur la route du bonheur, le travail en horizon,
Nous avancions confiants, débordant de consommations
Prétentieuses. Déjà commençait la déraison
Volontairement complice de la compromission.
 
Nous semblions unis, dans tout nous pensions avenir
En tout nous avions confiance y compris aux lendemains
Resplendissants de ciels bleus, utopie pour nous séduire.
Pas un obstacle n’assombrissait le regard au lointain.
 
Aujourd’hui, ensembles, nous étouffons, nous avons mal,
Pour les mensonges, votre butin, nous n’avons que dégoût.
La colère nous brûle, mais la souffrance mine le moral.
Faudrait-il quitter cette terre, fuir, mais pour aller où.

 

 

Tous mes thèmes sont des sujets d’actualité.

J'assure la quasi totalité de la distribution de mes ouvrages moi même, un peu dans les maisons de la presse. J’ai tenté de participer à quelques salons régionaux mais l'accès m'en a été refusé car seules sont acceptées les grandes maisons d’édition. Je vends donc seul et je m’en trouve bien car les contacts sont superbes. Je note que la presque totalité des livres vendus ont été achetés par des femmes ( je n’ose pas dire la totalité ). Je vends pour l’échange et pour récupérer ma mise et pouvoir, ainsi, éditer le suivant.
Le prochain recueil qui va sortir dans environ trois semaines portera comme titre: Ballade entre deux maux

 

 

 

Extraits de « Ballade entre deux maux »

« poèmes pour le dire »
 


POÈME  DES  JOURS  MALHEUREUX
 
 
Le temps n'a pas vraiment changé
La profondeur des ornières
Laissées au creux de la grange
Juste un peu plus de poussière
 
Le monde a quitté la terre
Mettant l'avenir en exil
Statufiant les vies et les pierres
Supprimant le pain au fournil
 
Les éclats de voix sans écho
Reflets de la solitude
Réalités d'un statu quo
Se sont faits sans interlude
 
Silence est le chant de misère
Pour les campagnes sans horizon
Ne connaissant plus que l'hiver
Et pas même d'arrière saison
 
Absence est le mot qui revient
Le plus souvent au village
Et que seule sa mémoire retient
Et qu'entre maisons l'on partage
 
Ne réveillez pas le dortoir
Qui se morfond dans le silence
Il rêve devant le miroir
Vainqueur de sa suffisa
nce

 

Du Pinceau à la Plume