Toponymie du Pays d'Orthe

epuis de nombreuses années nous avons entrepris le recensement des toponymes en pays d’Orthe et nous disposons aujourd’hui d’une base d’environ 1500 noms de lieux à consonance majoritairement gasconne (en "patois" comme on l’entend encore). Bien entendu cette tâche est loin d’être achevée et nous poursuivons ce patient travail de collecte, parfois au gré de rencontres fortuites, de hasards heureux.
 

Cette recherche vise à comprendre l’histoire du peuplement local, les premières données nous étant fournies par le Cartulaire de St-Jean de Sordes (XIe au XIIIe siècle) et quelques actes notariés à partir du XIVe siècle (et jusqu’au XXe), les matrices cadastrales et les listes de dénombrement de population à partir du XIXème siècle. À noter cependant que les noms des maisons, tant dans les bourgs qu’à l’extérieur nous sont livrés systématiquement par les registres paroissiaux (XVIIe-XVIIIe siècles), puis par l’état civil du XIXe siècle. Enfin, la survivance orale de certains lieux-dits vient compléter précieusement la connaissance documentaire.
 
Comprendre la signification de ces toponymes n’est pas toujours aisée. Certes, de nombreux travaux ont déjà été publiés et, pour l’essentiel, cela correspond à notre territoire. Cependant, depuis Jules Ferry et surtout depuis notre transformation de "ruraux gasconisants" en "urbains francisés" le sens des mots nous échappe peu ou prou.

 

Bien entendu on nous pose souvent la question des dictionnaires. Alors oui, nous en connaissons un certain nombre dont nous ne donnerons que quelques exemples à titre indicatif [1] ; nous nous y référons souvent mais avec toujours le souci de bien examiner la corrélation entre le toponyme et sa réalité territoriale. En clair, il est possible que le toponyme ait été attribué non pas en lien direct avec le lieu mais à travers l’intervention humaine. Par exemple, un lieu-dit aura donné un patronyme qui va s’implanter ailleurs, la compréhension du toponyme en sera donc faussée et ce qui est vrai dans le dictionnaire ne le sera plus sur le terrain. On constate également des changements ou des déformations de noms au fil du temps.
On l’aura compris, étudier la toponymie est une affaire complexe qui exige un examen patient et humble des lieux et des sources documentaires.

Nous sollicitons toutes les bonnes volontés pour participer à ce travail que ce soit en indiquant des toponymes et appellations inusités ou en nous faisant parvenir des photos de sites où apparaissent les noms ou une une locution indiquant un lieu.

 

[1] Vastin Lespy, Paul Raymond,

     Dictionnaire béarnais ancien et moderne, 1887


     Simin Palay,

     Dictionnaire du Béarnais et du Gascon modernes, 1932-1934


     Jacques Lemoine,

     Toponymie du Pays basque français et des pays de l’Adour, 1977


     Jean-François d’Estalenx,

     Dictionnaire français-gascon, 1993


     Abbé Vincent Foix
,

     Dictionnaire gascon-français, édité en 2002


     Philippe Soussieux
,

     Dictionnaire Historique des Landes, édité en 2012

 

À la Vie, À la Mort

Ce nom de lieu qui va définir les personnes et les familles, n'est pas seulement arboré sur la demeure, à l'entrée de la propriété ou en accompagnement des actes officiels de la vie quotidienne. Il va suivre  les vivants jusqu'à leur dernière demeure et - c'est bien le cas de le dire - se graver dans la pierre qui marque leur sépulture.

Les stèles discoïdales retrouvées notamment à Pardies sont là pour en témoigner : "Trompe", "Lestrade", "Dienne" sont des exemples de toponymes qui perdurent dans le temps.

 

Voir sur ce sujet, article dans le n°12 de notre revue Orthenses.

 

 

Ci-dessus quelques stèles du site de Pardies,

Ci-dessous, fragment de croix, même endroit.

 

 

Il est à noter aussi que neuf stèles complètes, accompagnées de cinq fragments et d'un fragment de la croix dite "Petit Jean", ont fait l'objet en 1995 d'une convention de prêt entre le Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques du pays d'Orthe et la Société des Amis de Sorde et du Pays d'Orthe. Elles sont exposées depuis à l'Abbaye de Sorde.

 

Photo ©Delphine CINGAL 2009
Photo ©Delphine CINGAL 2009