Lexique Orthense ( 2 )

Cayèque : Chouette. Peut aussi prendre, tour à tour, la signification de « pie voleuse » indiquant une personne appréciant les bonnes choses (gourmand comme une cayèque), ou celle de « pie bavarde », personne qui parle beaucoup et ne sait pas à bon escient tenir sa langue. À noter que dans les deux cas, la connotation reste gentille. En principe…  (LP)


Ceigt : (prononcer céïtj)- Désigne de façon généraliste les champignons. Mais, dans notre cas est utilisé pour nommer les cèpes, variété quasi exclusive qui seule trouve grâce aux yeux des chercheurs.
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Cedas : (bien prononcer le s final) Tamis métallique à petite maille tendu en coupelle sur un cerceau ovale en chataîgner et muni d’un manche de noisetier destiné à pêcher les piballes.
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Céou
: Partie centrale de la ferme landaise qui sépare la partie d’habitation des personnes et la partie étable et dépendances. Large pièce d’un seul tenant entre les deux murs de face et arrière et percé sur l’avant d’une large ouverture en arrondi fermée par une porte à quatre battants, elle permet de rentrer et de stocker au moins deux charrettes et leur chargement.
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Chichanline
: Nom donné aux petits lézards gris, insaisissables et à queue amovible, que l’on voit musarder sur les murs au moindre rayon de soleil. Ont la fâcheuse réputation de faire maigrir fortement les chats qui les chassent et les consomment. Par extension, s’applique comme sobriquet à toute
personne malingre, maigre ou de petite taille.
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Chichons
(ou Titjouns) : appellation locale des graisserons ou rillettes. Il s’agit essentiellement de ce résidu de cuisson des canards gras et des morceaux de cochon qui ont longuement confit dans la graisse et reposent au fond de la chaudière après la cuisson. Ce mélange de gras et de maigre, nullement apprêté constitue une mignardise pour laquelle on pourrait se battre.
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Chippe : Vairon. Petit poisson des eaux claires et pures des ruisseaux. Il constitue par la bonne volonté qu’il peut mettre à se laisser facilement leurrer par un montage assez sommaire, la première victime de notre initiation halieutique. Excellent en friture sauf en période fraie où leur chair devient amère.
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Clède : Barrière sommaire de bois (la plupart du temps en acacia) qui constitue un portail d’accès à divers endroits : champ, chemin, enclos.  (LP)


Clouque : Poule que l’on met à couver les œufs. Comme en français, s’applique aussi à une personne de sexe féminin qui a tendance à dorloter ses enfants. Aussi pour le sexe masculin, prend alors la signification de poule mouillée.
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Cluc : Petit somme. Pas encore une sieste. S’applique en général à ce petit moment de relâchement, souvent à table même, qui suit un repas, disons, avantageux. Dans certains cas, si on le prononce avec un éclat particulier dans l’œil et un petit sourire, peut aussi indiquer une sieste… plus active.
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Cluque : Petits tas de foin sur le pré que l’on rassemble le soir après la fauchaison afin que ce foin, en phase de séchage, ne prenne pas l’humidité de la nuit. (donne le verbe accluquer, faire des cluques)
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Coulac (masc.), Coulaquine (fém.) : Le premier désigne le nom local de la grande alose, poisson de mer qui remonte frayer en rivière (anadrome) alors que le second est attribué à l’alose finte, beaucoup plus petite. Poisson réputé pour la finesse de sa chair mais surtout pour sa magnifique combativité.
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Couralin : Longue et lourde barque en bois à fond plat ; traditionnelle du Gave et de l’Adour. Il se maniait autrefois exclusivement à la godille avec un palot. Il est régulièrement recalfaté avec une nouvelle couche extérieure de brai chauffé. Les couralins se prennent aujourd’hui pour des hors bords et ont perdu tout le charme de leur calme originel grâce à Messieurs Johnson ou Mercury…
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Courtilh : Pièce de dimensions réduites où l’on tient enfermé le cochon, mais aussi celle attribuée aux canards en cours de gavage. Dès qu’il est question «d’aller curer le courtihl» (le nettoyer, aller retirer le fumier), l’odeur déjà vous monte au nez et vous colle à la peau…
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Cuigt : (prononcer kutj)- Récipient souvent fait d’une corne de bœuf, doté d’une attache permettant de le pendre à la ceinture. Il est rempli d’eau dans laquelle trempe la pierre qui sert à aiguiser la faux.
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Despourguère : Mot sans équivalent directe en langue française. Issu du verbe despourgua (dépouiller) : action consistant en l’occurrence à débarrasser l’épi de maïs de ses fanes avant de le mettre à sécher. La despourguère était donc la réunion soir après soir, dès la fin de l’automne et au début de l’hiver, des familles du quartier dans une entraide réciproque, pour dépouiller l’ensemble de la récolte de chacun. Pratiquée le soir à la veillée, la despourguère est pour moi synonyme de rencontre et donc de fête. Ce mot disparaîtra sûrement car la mécanisation permet depuis longtemps à chaque producteur de «traiter» rapidement et individuellement sa récolte.  (LP)


Dailh, daille
(ou Dragoun), dailloun : Diverses appellations de la faux. Le dailh (masculin. prononcer daï) est un outil à lame courte et robuste destiné au fauchage des fougères sèches dans le sous-bois landais. La daille (féminin. prononcer daïye) possède une lame longue et effilée. Légère et fragile, ne supportant pas le moindre caillou qui casse son fil, elle sert aux tâches nobles: fauchage du foin, du blé, de la luzerne ou du trèfle. Il est vraisemblable que le terme dragoun masculin) fasse référence à la dangereuse efficacité de l'arme des Dragons à cheval, le sabre. Le dailloun (masculin), le costaud de la famille, est doté d’une lame très courte et trapue et d’un manche à toute épreuve.
Il sert à affronter les ronces et autres repousses d’arbustes le long des haies.
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Espourailla : Littéralement éparpiller les poules (pouraille = volaille) ; les faire fuir dans tous les sens (pou = peur). S’applique aussi à une bande de garnements qui s’enfuient après quelque bêtise, redoutant une volée de bois vert, la notion de peur étant alors remplacée par celle de prudence…
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Garbure : Appellation d’une variété de chou vert pommé, très haut sur tige. Ses grandes feuilles d’un vert très foncé sont découpées en fines lamelles et servent de base à la préparation de la soupe du même nom. Avec quand même pas mal d’autres ingrédients…
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Guitté : De « guit » (prononcer le t final), canard. Littéralement «canardière», endroit où l’on se poste pour chasser le canard. Mon guitté à moi était situé sur la berge du Gave, à une centaine de mètres en aval de la Passerelle. Bien que j’aie en mémoire la présence d’une vieille cabane, je n’y ai jamais vu chasser le canard. Par contre, ce fut pendant des années un lieu de pêche de prédilection.
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Haali* : Milan noir ; rapace habituel des plaines landaises. Bien que je n’aie jamais constaté le fait, possède une solide réputation de décimeur de couvées de poussins. Le même mot indique le cri que l’on pousse en détachant les syllabes et en prolongeant le "a", pour éloigner l’animal.
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Haou* : Forgeron. Métier en voie de disparition depuis qu’il n’est plus rentable de refaire un soc de charrue ou de ferrer un cheval de labour…  (LP)

On trouvera dans le n°8 de la Revue "Orthenses" de juillet 2006, un excellent article sur les forgerons de St Lon les Mines.

 


Hart* : (bien prononcer le t final) Pardon, mais il existe dans notre parler, comme dans toutes les langues, des mots qui risquent de valoir une calotte à tout enfant qui le prononce (encore que cette pratique — celle de la calotte — se perde de nos jours ou risque de vous exposer, dans les cas extrêmes, à la sanction de quelque tribunal). "Hart" est de ceux-là. Bien qu’il tende plus vers une forme argotique, il est un des rares moments où la langue du Sud-ouest perd un peu de sa gentillesse habituelle, pour qualifier et jeter l’opprobre sur une personne ayant ponctuellement abusé de l’alcool et qui s’est mise dans un état que nous dirons lamentable. « Hart com un porc ! » donne assez bien le ton sans dessin… Bien que nous n'ayons pas souvenance d'un porc porté sur la bouteille.
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Hidje* : Foie. Se comprend parfaitement sans qu’il soit besoin ici de préciser «gras». Dénomination commune mais toutefois respectueuse, du foie gras de canard entier mis en conserve que chaque famille prépare pour son usage (de fête ou de cérémonie, quand même !) personnel. Désignant l’organe humain, le mot sert souvent d’alibi plus ou moins convaincant pour faire des manières au moment de se resservir ou face à une nouvelle rasade. Le recours à sa prétendue fragilité évite l’incorrection du refus.
  (LP)

Houn* : Fontaine, lieu naturel de résurgence d’une source. Mais peut aussi s’appliquer, par extension pour désigner une simple source elle-même, un puits ou un quelconque lieu où puiser de l’eau.
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(*) À noter que le “h” aspiré est une subtilité que ne semble pas apprécier la langue d’ici, la laissant, sans prétention, à plus distingués… Toujours est-il que tous les mots qui commencent par un “h” ne sauraient être compris sans bien accentuer la prononciation de cette  consonne initiale.

Lambrusque : Nous avons fait nos premières armes de vice en fumant en cachette (bien sûr) ce que nous appelions « les lianes ». Terme vague qui exprimait avant tout une volonté d’exotisme. Cette cochonnerie (car il n’y a pas d’autre mot) avait pour seul avantage d’être d’un prix de revient tout à fait abordable puisqu’il suffisait de passer derrière la Moulaque ou de s’enfoncer dans le Séguerat pour tailler le bout de tige du diamètre et de la taille qui s’adaptait à notre envie du moment. Envie qui aurait du nous dégoûter à jamais du tabagisme car, en se consumant, ce bout de bois percé de multiples canaux produisait une fumée qui nous emportait la langue dans un mélange de poivre et de piment du diable. Ce ne fut pas le cas. Malheureusement.
Voulant donc mettre sur le papier la place prise par ces «lianes», le doute me prend sur la justesse de cette appellation. En recherchant dans ma mémoire, je tente donc d’en retrouver le nom plus «catholique». Peine perdue; les lianes restent des lianes ! Je pose la question dans mon entourage: c’est la même réponse de la part de ceux qui ont pratiqué la plaisanterie en toussant et un grand point d’interrogation de ceux qui s’en sont abstenus.
C’est en croisant les bonne volontés (et le statut d’enseignant) de J. C. et la pratique assidue de ces séances de fumeries par Yves que j’ai obtenu les réponses à mon interrogation. Je vous en fais profiter.
La lambrusque (ou lambruche) (nom féminin du latin labrusca) est donc, selon le Petit Larousse, la véritable appellation de la vigne redevenue sauvage (et non de la vigne vierge). J. C. avait découvert, grâce à des connaissances paysannes amies que cette plante était donc une vigne redevenue sauvage. Il lui fut confié aussi que ces grandes tiges souples qui peuvent atteindre plus de dix mètres de long et sont très longues à pourrir, servaient autrefois à palisser la vigne elle-même, à défaut de fil de fer. Le hasard voulut qu’il se mit en tête à ce moment-là de faire apprendre à ses élèves une poésie de Pierre de Ronsard (1524-1585) qui débute sur ces vers :

Bel Aubépin
Bel aubépin, verdissant,
Fleurissant
Le long de ce beau rivage,
Tu es vêtu jusqu’au bas
Des long bras
D’une lambruche sauvage.
Deux camps drillants de fourmis
Se sont mis…


Explication de texte nécessaire et la lambruche ou lambrusque était enfin débusquée !… Ce qui nous permet de passer aujourd’hui pour des érudits.
Enfin, un peu…
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Laousse
: Lauze. Désigne les grandes pierres plates et carrées (issues la plupart du temps des carrières de Bidache), patinées par le temps, qui garnissaient traditionnellement le sol de la cuisine-salle à manger des fermes landaises du pays d’Orthe. Très sensibles au degré hygrométrique de l'air, elles sont capables de servir de baromètre avec une précision fantastique.
  (LP)

Maillade : (De maï = le mois de mai). Fêtes traditionnelles organisées au niveau des quartiers ou des hameaux. Sans grande prétention, elles constituent, à l’approche de l’été une occasion de convivialité et de rencontres plus poussées dans un espace connu et rassurant.
  (LP)

Meigt : (prononcer le t final) Littéralement « maie ». Longue auge en bois de section trapézoïdale, munie de poignées aux deux extrémités. On y place le cochon lorsqu’on vient de le tuer sur lequel on verse de l’eau bouillante et après l’avoir « savonné » à la résine (dite « colophane »), permet de le «peler» (racler poils et soies) l'animal afin de rendre la peau parfaitement lisse et apprêtée pour la découpe de la viande.
  (LP)

Moulaque : L’origine du mot doit être, je suppose, un probable cousinage avec « Moulin ». La moulaque était cette partie (que j’ai toujours vue en ruines) du Moulin qui jouxtait directement l’aval du déversoir de l’ancien étang de retenue qui alimentait le moulin lui-même.
  (LP)