Léo Lapeyre " Lou Lio dou Crouzet "

ertes, la notoriété du poète Léo Lapeyre ne dépasse guère le terroir inscrit entre Pau et Bayonne. Cela devrait-il enlever au charme qui opère en Pays d'Orthe ? Les parents de Léo, tous deux commerçants originaires et habitant à Peyrehorade, accueillent ce dernier le premier septembre 1866. De 1870 à 1884, il fera de brillantes études au nouveau lycée de Bayonne. Bachelier à seize ans, il a figuré dans tous les palmarès de fin d'année. À dix-sept ans, il aurait été admis à l'École Centrale. Mais il n'a aucun goût pour le métier d'ingénieur, préférant, selon ses dires en forme de boutade "ne connaître les ponts que pour y coucher dessous."

 

De sa vie dans la capitale, nous ne savons pas grand'chose, sinon que pendant une douzaine d'années il sera un assidu du "Chat Noir", un cabaret au pied de la Butte Montmartre, où "sévissent" les Hydropathes dont fait partie Jean Rameau et avec qui Léo se liera d'amitié. À Paris, il nouera aussi une relation amicale avec Francis Jammes, le voisin d'Orthez, beaucoup plus calme. Il y fréquentera aussi pendant très peu de temps Émile Despax le poète dacquois, de quinze ans son cadet, qui trouvera la mort dans les combats de l'Aisne en janvier 1915, après avoir fait une brêve carrière politique et été Sous-Préfet d'Oloron. Despax était aussi le cousin et le camarade littéraire de Pierre Benoît.


En 1897, Léo Lapeyre adhère à "l'Escole Gastou Fébus". Il publie plusieurs textes dans la revue "Réclams" de cette dernière. Mais cette revue va produire aussi de très mauvaises critiques de "À Noste". Léo s'éloignera de ce groupe…

 

 

 

"À Noste" est un ensemble poétique de 118 pages publié avec la traduction littérale en français, publié en 1900 à l'Imprimerie Nouvelle d'Orthez.

 

L'œuvre se décompose en trois volets : "À Case" (À la maison), "Hen le Plène" (Dans la plaine, poèmes et "Coentès d'Amou" (Soucis d'amour) une pastorale légère en quatre scènes.


Malgré ses démêlés avec les Félibres, il dédicace cet ouvrage à Jean Rameau : "À la maîtresse et pour le maître du Pourtaou. En remerciements et de grand cœur."

Les parents de Léo s'éteignent à Peyrehorade, elle en 1890 et lui, en 1898. Il rentre donc à Peyrehorade et tente de prendre leur succession à la tête du commerce paternel. Mais, pas plus que l'âme d'un ingénieur, il n'a pas la fibre "commerçante" et il doit bientôt se réfugier chez un oncle à Pau. C'est là qu'il va finir ses jours en 1907, à 41 ans, végétarien dans une maison de santé.

Une lettre datée du 8 juillet 1903 nous le présente ainsi: " Un aimable célibataire, à la sentimentalité profonde, exquise: une âme délicate qui, de petits riens vous créé de grandes chimères, qui vous fait frissonner en agitant une rose, son épine, ou sa feuille verte; une lyre en continuelle vibration, rendant avec une même virtuosité élégante, la rêverie, le fandango, la fugue, la méditation; un cerveau où il y a du François Villon et du Verlaine. En résumé, un poète… Un poète."

 

 

 

L'Académie Gascoune lui rendra hommage en grande cérémonie, en 1931. Une plaque est alors apposée sur la façade de la maison natale du poète.

 

 

Dans ce numéro unique de "l'Alouette d'Aspremont", on retrouve une  pièce en deux actes, en français, "Tutti in Maschera" mais on y trouve aussi quelques couplets en gascon comme celui-ci :

Plouye, plouye !...  ( De la pluie ! De la pluie !… )
Ségu, qu'am heyt quoque pécat ! ( Sûrement, nous avons fait quelque péché ! )
Lou Diable qu'é largat: ( Le diable est laché ! )

Qu'a-m' beigt hà le priere, ( Je m'en vais faire la prière )
Toustem plouye à caoutère ! ( Et toujours pluie à chaudière ! )
Lou printems qu'é malaou, (Le printemps est malade )
Diou madaou !  ( approx. Bon dieu ! )

 

 

Le dimanche 18 novembre 1900, fut présentée à Peyrehorade pour la première fois, "Peyrehorade-Express", (théâtre léger) en deux actes, œuvrette de 30 pages qui mettait en scène plus d'une trentaine de personnages.
Les 18 et 19 avril 1903, on joua sous le grand hall de l'hôtel de ville, "Lou Hourat de la peyre houradade", trois actes qu'il appelle "Perrec et plume de Peyrehorade", livret de 68 pages. Avec plus de cinquante personnages dont certains qui tiennent leur propre rôle (puisqu'il met en scène les Peyrehoradais)


À ce moment, on estime qu'il a déjà produit environ une demi-douzaine de pièces (dont le Tutti in Maschera de 1902 et le Coèntes d'amou dans "À Noste" )

Il va aussi écrire à Bayonne :
En 1903 : La boussole de Mousserolles
En 1904 : Madame Pontriques